Russie État fédéral

RUSSIE  /  HISTORIQUE

Historique et évolutions

La Fédération de Russie est une République à régime semi-présidentiel. Sa Constitution est entrée en vigueur le 12 décembre 1993.

Devenue, par la création de l’URSS en 1922, l’une des Républiques de l’Union soviétique, la Russie incarne au cours du XXe siècle le destin de cet État, par le poids prépondérant de son rôle historique, politique et économique.

De 1922 à 1991, l’histoire de la Russie se confond avec celle de l’URSS et rend compte de façon extrême des diverses phases de son évolution :

  • la nouvelle politique économique (NEP) des années 1920, marquée, dans l’économie et la reconstruction du pays, par un retrait relatif de l’État ;
  • la période stalinienne (1927-1953), décisive dans la formation du système soviétique et au cœur de laquelle les années 1930 tiennent une place spécifique, par l’ampleur, la diversité des violences exercées contre la société, et par le caractère spectaculaire mais chaotique de la modernisation industrielle ;
  • la période du « dégel » khrouchtchevien (1953-1964), marquée par la sortie du système totalitaire, la reformulation idéologique du communisme, et l’échec des grandes réformes, en particulier agricoles ;
  • l’ère brejnevienne (1964-1985), dite « de la stagnation », où s’affirme la dimension gestionnaire du régime face à une société sociologiquement plus diversifiée et dans laquelle les nouvelles générations créent des espaces d’autonomie ;
  • enfin, la période ultime et brève des tentatives réformistes de Mikhaïl Gorbatchev (1985-1991), qui débouchent sur l’effondrement de l’URSS et l’émergence de la Russie indépendante.

Tout au long de ces décennies, la Russie occupe une place capitale dans l’Union soviétique en raison de son étendue – elle est la plus vaste des républiques fédérées –, de sa fonction historique de modèle et surtout de son rôle comme centre de l’Union au sein d’un État marqué par une très forte centralisation des pouvoirs. Néanmoins, le processus d’identification de l’URSS à l’État russe n’apparaît comme une volonté manifeste des dirigeants que dans le courant des années 1930, période au cours de laquelle on observe un glissement du marxisme-léninisme vers le nationalisme russe.

À partir des années 1970, un renversement de tendance s’amorce. L’« indigénisation » des cadres politiques et économiques des Républiques entraîne les premiers départs des Russes et russophones. La stabilisation encouragée des potentats locaux tisse un nouveau rapport de forces au sein de l’URSS : le centre moscovite doit davantage compter avec les périphéries.

La mise en œuvre de la perestroïka (« restructuration ») et de la glasnost (« transparence » dans le discours), les deux mots-clés du programme réformiste gorbatchevien, marque l’émergence des forces centrifuges et le rejet progressif de l’URSS comme État centralisé.

La Russie elle-même est touchée par cette évolution : en mai 1990, le Soviet suprême de Russie élit à sa présidence Boris Ieltsine, chef de file des réformateurs, et proclame la souveraineté de la République de Russie en juin. La libéralisation politique, qui provoque l’apparition de nouvelles mouvances (partis ultranationalistes russes, mouvements indépendantistes, comme au Tatarstan, ou écologistes), favorise surtout la montée du courant réformateur de B. Ieltsine, qui remporte en juin 1991 la première élection présidentielle au suffrage universel.

Le putsch d’août 1991 contre Mikhaïl Gorbatchev – tentative autoritaire de reprise en main du régime – permet au nouveau président de la République Socialiste Fédérative Soviétique de Russie (ci-après RSFSR) de s’imposer comme la seule force capable de stabiliser le pays : Boris Ieltsine apparaît, face aux putschistes, comme le défenseur des libertés et l’homme fort de la situation, au détriment de Mikhaïl Gorbatchev. L’échec du putsch accentue la montée des oppositions et la RSFSR sanctionne la disparition de l’URSS en signant, avec les Républiques d’Ukraine et de Biélorussie, l’accord de Minsk (8 décembre), stipulant la création d’une Communauté des États indépendants (CEI).

Le 25 décembre 1991, la RSFSR change d’appellation et devient la Fédération de Russie. Pour la première fois de son histoire en tant qu’État moderne, la Russie perd sa dimension « impériale », mais elle est néanmoins confrontée à une forte hétérogénéité culturelle sur son territoire. Recouvrant 21 Républiques, la Fédération de Russie compte plus de 30 millions de citoyens non russes. En revanche, avec l’effondrement de l’URSS, elle compte 25 millions de nationaux russes disséminés dans les anciennes Républiques soviétiques (en particulier en Asie centrale), devenues États indépendants.

Outre toutes les difficultés liées à la redéfinition de son identité géographique, culturelle, institutionnelle, la Russie s’est engagée dans un long et difficile processus de sortie du communisme en tant que système politique et économique. La restauration de l’autorité de l’État, dans le contexte des immenses mutations systématiques engagées, représente toujours l’un des grands défis de cette fin de décennie post-soviétique.

La nouvelle Constitution a été à l’origine du conflit entre le législatif et l’exécutif, qui est approuvée en décembre 1993 par référendum, et qui accroît les pouvoirs présidentiels en redéfinissant la répartition des compétences entre le président, le gouvernement et le Parlement, ainsi que les relations entre les régions et le centre.

La Fédération de Russie est composée à la base de 89 « sujets » (régions, républiques autonomes, etc.) égaux en droits. Le bicaméralisme est institué : la Douma d’État (Chambre basse) comprend 450 députés possédant le pouvoir législatif et budgétaire ; le Conseil de la Fédération, où sont représentés les « sujets », est composé de 178 parlementaires.