République de Belarus État unitaire

Historique et évolutions

La Biélorussie est une république à régime présidentielle.

Si le pays fait partie du foyer d’origine des langues slaves, et si l’ancienne Polésie est une région historique autrefois incluse dans de grandes puissances telles le Grand-duché de Lituanie ou l’Empire russe, la Biélorussie est un État jeune. Les Biélorusses ne prirent réellement conscience de leur spécificité qu’au XIXe siècle et ne furent connus par le reste du monde que lorsque leur pays devint une république de l’URSS.

La Biélorussie est indépendante depuis la dissolution de l’URSS, en 1991. Les relations avec la Russie sont cependant très étroites, les pays partageant une langue commune, le russe (le biélorusse est surtout utilisé à l’écrit, pour la signalisation routière ou dans les musées, ou dans le langage courant en milieu rural).

La Biélorussie n’a pas connu de réforme économique d’inspiration libérale comme son voisin russe dans les années 1990 ; son industrie et son agriculture, à l’époque plutôt développées comparativement au reste de l’URSS, sont relativement préservées (notamment la fabrication de tracteurs, de réfrigérateurs et élevage bovin), et les inégalités sont moins fortes qu’en Russie.

Depuis juillet 2010, la Russie et la Biélorussie (ainsi que le Kazakhstan) ont formé une union douanière, supprimant notamment les contrôles à leurs frontières communes.

Le pays est considéré par certains gouvernements et médias occidentaux comme étant le dernier régime autoritaire d’Europe, la vague de démocratisation des pays d’Europe centrale et orientale consécutive à la chute des régimes communistes en Europe ayant été rapidement réprimée dès 1992 sous la présidence de Stanislaw Chouchkievitch. L’actuel président biélorusse Loukachenko ainsi que la majorité de ses proches collaborateurs sont interdits de visa au sein de l’UE et des États-Unis depuis février 2011 en raison de leurs pratiques politiques qualifiées de dictatoriales et répressives.

L’ancêtre de la Biélorussie, la principauté de Polotsk, est mentionnée pour la première fois au Xe siècle. C’est alors un État peuplé par des Slaves de l’Est. En 1067, Minsk apparaît dans les chroniques. La principauté est incluse en 1129 dans la Rus’ de Kiev. Lors de la séparation des Églises d’Orient et d’Occident, leurs souverains et populations choisissent l’obédience orthodoxe. Les invasions des Mongols et de la Horde d’or au XIIIe siècle provoquent la chute de la Rus’ de Kiev et sa dislocation en une multitude de petits fiefs. La principauté de Polotsk, sur le déclin, intègre le Grand-duché de Lituanie, capable de la protéger d’autres invasions. Le Grand-Duché est majoritairement constitué des actuelles Lituanie et Biélorussie ; ses autres territoires sont le Nord de l’Ukraine et la région de Smolensk.

En 1386, le Grand-duché de Lituanie s’unit au Royaume de Pologne et, en 1569, les deux États forment la République des Deux Nations. Minsk, Brest, Polotsk, Vitebsk, Navahroudak et Mstsislaw sont chefs-lieux de voïévodies. Le découpage administratif de l’époque préfigure celui des voblasts de la Biélorussie d’aujourd’hui.

Durant le XVIIIe siècle, la Biélorussie est progressivement annexée par l’Empire russe. Vitebsk, Polotsk et Gomel sont rattachées en 1772, Minsk en 1793 et Brest en 1795. Le dernier territoire, Grodno, fut incorporé en 1808.

Tout au long du XIXe siècle, la Biélorussie subit fortement l’influence de la culture russe. L’importance de Minsk devient incontestable et la ville est le foyer de la résistance culturelle biélorusse. Comme les autres régions industrielles de l’Empire, Minsk connaît les premiers mouvements ouvriers et accueille en 1898 le premier congrès du Parti ouvrier social-démocrate de Russie.

Pendant la Première Guerre mondiale, la Biélorussie est le théâtre de combats entre les Allemands et les Russes et le front se stabilise sur une ligne allant de Pinsk à Braslaw.

Après le traité de Brest-Litovsk entre l’Empire allemand et le gouvernement de Lénine, la Biélorussie se proclame indépendante le 25 mars 1918 et devient la République populaire biélorusse : Minsk est choisie comme capitale. Mais la Russie soviétique n’accepte pas cette indépendance et envahit le pays.

Depuis 1919, la Rada de la République démocratique biélorusse est en exil et en 2017, il s’agit du plus ancien gouvernement en exil.

Le traité de Riga, signé le 18 mars 1921 après la guerre soviéto-polonaise, partage le territoire de la Biélorussie en deux : la partie occidentale est attribuée à la Deuxième République de Pologne, la partie orientale devient la République socialiste soviétique de Biélorussie en 1922, lors de la création de l’Union des républiques socialistes soviétiques.

En septembre 1939, la Biélorussie polonaise est le point de rencontre des forces allemandes, qui prennent Brest, et des Soviétiques qui envahissent le pays par l’est. Les nazis remettent la ville et la forteresse aux Soviétiques. La Biélorussie ex-polonaise intègre alors la Biélorussie soviétique.

Le 24 octobre 1945, la Biélorussie devient membre de l’Organisation des Nations Unies, ainsi que l’Ukraine.

Le pays, meurtri par la guerre, se relève peu-à-peu ; l’industrialisation massive orchestrée par le régime stalinien permet la reconstruction des villes avant le début des années 1960.

Le 26 avril 1986, la Biélorussie est touchée par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Le pays (qui ne possède aucune centrale nucléaire) reçoit environ 70 % des retombées radioactives de la centrale ukrainienne voisine, avec une contamination « en tache de léopard ». Deux millions de Biélorusses dont 500 000 enfants vivent dans les zones contaminées. Les populations ne sont pas évacuées et généralement très peu informées.

Signe du changement, le pape Jean-Paul II nomme en 1989 le premier évêque catholique biélorusse depuis la guerre. Peu de temps après, le 27 juillet 1990, la Biélorussie proclame sa « souveraineté ». Le 25 août 1991 c’est alors l’indépendance qui est déclarée cependant que Stanislaw Chouchkievitch est élu chef de l’État en septembre.

Le 8 décembre 1991 sont signés les accords de Minsk qui créent la Communauté des États indépendants regroupant la Russie et l’Ukraine, puis douze des autres anciennes républiques soviétiques. Minsk est choisie pour accueillir le siège de l’organisation et la Biélorussie rejoint la CEI le 21 décembre.

Après le bref intermède démocratique de 1991-1992, la Biélorussie présente le 12 mars 1993 sa candidature au Conseil de l’Europe, mais entre-temps les apparatchiks pro-russes reprennent violemment le pays en main, ce qui retarde l’étude de cette candidature : la Biélorussie n’en est toujours pas membre et c’est le seul État européen à ne pas en faire partie. Le pays n’est pas accepté en raison de la non-abolition de la peine de mort, de son régime peu démocratique, et, dans cette voie, Alexandre Loukachenko forme un rapport qui mène à la destitution de Stanislaw Chouchkievitch pour corruption.

Le Président est Aleksandr LUKASHENKO (depuis juillet 1994, réélu en septembre 2001, en mars 2006, en décembre 2010 et en octobre 2015) – soutenu par un groupe de 5 partis et un grand nombre d’indépendants au sein de l’Assemblée Nationale. Il dotera la Biélorussie d’une nouvelle constitution « sur mesure ». Il appuie sa politique sur la nostalgie du communisme et sur un régime autoritaire.

Depuis la fin 2015, la situation des droits de l’Homme semble toutefois évoluer « plus favorablement » : le 22 août 2015, le Président Loukachenka a annoncé la libération des derniers prisonniers politiques. A l’issue des élections présidentielles du 11 octobre 2015, qui se sont déroulées sans violence, le Président Loukachenka a été réélu pour un cinquième mandat avec un résultat annoncé de 83,49% des voix. Les élections parlementaires du 11 septembre 2016 ont été organisées avec un effort d’ouverture, notamment en matière d’enregistrement des candidatures, mais n’ont pas été conformes aux standards de l’OSCE.

Elles ont permis l’entrée au parlement de deux députés de l’opposition, qui reste très divisée. Au printemps 2017 un mouvement de contestation populaire, porté par les syndicats et les forces d’opposition, contre un décret présidentiel sanctionnant d’une amende les personnes sans emploi a été réprimé. Les dernières élections locales ont eu lieu le 18 février 2018. Les prochaines élections présidentielles auront lieu en 2020.